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La complaisance envers les discours de haine condamnée par le Conseil d'Etat

L'écrivain Renaud Camus a pu développer longuement le concept de "grand remplacement" sur Sud Radio sans aucune mise en perspective ni contradiction du présentateur de l'émission, lequel a au contraire relayé ses propos avec une complaisance appuyée.

Les mises en demeure de l'Arcom sont validées par le Conseil d'Etat.Dans le cadre de l'émission "Bercoff dans tous ses états" diffusée le 18 mars 2022 sur Sud Radio, l'écrivain Renaud Camus s'est exprimé dans un entretien d'un peu plus d'une demi-heure avec le présentateur de l'émission, André Bercoff. Pendant cet entretien, l'invité unique a développé le concept de "grand remplacement", qui traduit selon lui, "essentiellement le changement de peuple, et donc de civilisation" en France sous l'effet de l'immigration.Or, pendant l'ensemble de l'émission, le présentateur n'a procédé à aucune mise en perspective des thèses ainsi développées par son invité, auxquelles il n'a apporté aucune contradiction, abondant au contraire dans le sens de celui qu'il avait qualifié de "grand écrivain" auteur d'un" grand livre" "frappé au coin du bon sens". Alors que son invité concluait que le peuple français devait maintenant être regardé comme un "peuple indigène (...) chassé par une sorte de nettoyage ethnique", l'animateur a conclu "oui en fait, c'est ça, les Français ont perdu la notion de savoir que les indigènes, ce sont eux. (...) Les indigènes, c'est nous, c'est une bonne conclusion". A la suite de la diffusion de cette émission, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a, par ses décisions n° 2023-30 et 2023-31 du 23 janvier 2023, mis en demeure la station de respecter à l'avenir ses engagements. Saisi par Sud Radio, le Conseil d'Etat a été amené à apprécier si la diffusion des propos tenus par l'invité avait conduit la radio à manquer à ses obligations de ne pas inciter à la haine et à la violence à raison notamment de la race, des origines ethniques et de la nationalité et de ne pas encourager des comportements discriminatoires. Dans son arrêt rendu le 30 avril 2024 (requête n° 472487), le Conseil d'Etat juge que compte tenu, d'une part, de la teneur des propos longuement tenus par l'invité de l'émission, à qui une importante exposition était ainsi offerte, et, d'autre part, de l'absence tant de mise en perspective que de contradiction assurée à ceux-ci, qui ont été au contraire relayés avec une complaisance appuyée, la requérante n'est pas fondée à soutenir que l'Arcom aurait fait, en lui adressant les mises en demeure litigieuses, une inexacte application des pouvoirs qu'elle tient des articles 42 de la loi  n° 86-1067 du 30 septembre 1986 et 4-2-1 des conventions des 6 et 20 janvier 2021.La Haute juridiction administrative rejette donc la requête de Sud Radio.