L’oeuvre Naked de Jeff Koons est une contrefaçon : confirmation en appel
La cour d’appel de Paris confirme que l’oeuvre Naked de Jeff Koons est une contrefaçon du cliché "Enfants" du photographe français Jean-François Bauret.
La cour d’appel de Paris confirme que l’oeuvre Naked de Jeff Koons est une contrefaçon du cliché « Enfants » du photographe français Jean-François Bauret.
Le 9 mars 2017, le tribunal de grande instance de Paris a condamné le Centre Pompidou, ainsi que la société dont Jeff Koons est le gérant, pour contrefaçon.Il a estimé que la sculpture « Naked » de l’artiste est la contrefaçon du cliché « Enfants » du photographe français Jean-François Bauret, diffusé en 1975 sous forme de carte postale, représentant deux enfants nus dans une pose identique à celle de la sculpture.
Dans un arrêt du 17 décembre 2019, la cour d’appel de Paris relève les nombreuses similitudes entre la photographie et la sculpture.Ainsi, les deux oeuvres présentent toutes les deux un petit garçon à gauche et une petite fille à droite, se tenant debout, nus, les jambes droites, de face et leurs bustes légèrement tournés l’un vers l’autre. Ils se tiennent tous les deux par l’épaule la plus éloignée du centre de la photographie ou de la sculpture, la main gauche du garçon tenant l’épaule gauche de la fille, la main droite de la fille tient l’épaule droite du garçon. Le garçon se tient droit, alors que la fille a la tête nettement penchée en avant. Leurs chevilles, genoux, sexes et épaules sont alignés de la même façon dans les deux oeuvres.La forme générale des corps des enfants dans la photographie et dans la sculpture vue de face s’inscrit dans la même forme géométrique, avec la même oblique au sommet par l’alignement de leurs têtes.Le visage du garçon est visible dans les deux oeuvres, et il est surmonté de la même coupe de cheveux au bol, alors que le visage de la fillette est dans les deux oeuvres incliné vers l’avant, dissimulé en partie par ses cheveux, qui sont plus foncés que ceux du garçon. Cette inclinaison donne l’impression d’une différence de taille entre elle et le garçon, que contredit la hauteur de leurs épaules. La couleur de la peau des deux enfants est blanche, cette clarté étant mise en exergue par l’éclairage dans la photographie, par la porcelaine dans la sculpture.
La combinaison de toutes ses caractéristiques essentielles de la photographie, qui contribue à lui conférer son caractère original, se retrouve ainsi dans la sculpture de Jeff Koons.
Malgré la présence d’un certain nombre de différences entre la photographie et la sculpture, la cour d’appel note que les éléments caractéristiques de la photographie se retrouvent néanmoins dans la sculpture, et la différence de message des deux oeuvres n’est pas exclusive de la reprise des éléments de l’oeuvre première.
La cour d’appel en conclut que la statue “Naked” de Jeff Koons reprend la combinaison des caractéristiques qui révèlent l’originalité de la photographie “Enfants” de Jean-François Bauret.
– Cour d’appel de Paris, 17 décembre 2019 (n° 17/09695) – https://www.dalloz-actualite.fr/sites/dalloz-actualite.fr/files/resources/2020/01/paris_-_17_decembre_2019.pdf